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pour prendre la succession des soixante-et-dix attractions, plus ou moins dans la limonade, comme dit la duchesse d’Uzès.

Le capital ? Mon rédacteur en chef, qui est absolument emballé pour cette idée, donne 37 sous, moi j’en donne 11 et un banquier qui est de nos amis, nous offre sept millions. Nous avons refusé, 300 000 francs devant nous suffire pour édifier un manège des plus cossus, avec des chevaux tout dorés, tout battant neufs.

Ne craignez rien pour votre édifice ; le manège sera fort léger, étant en aluminium damasquiné et repoussé au petit fer !

Avez-vous pensé à la magie de ce spectacle ? les belles petites, les momentanées du monde entier viendront là prendre un bain d’air, ce qui les reposera de leur Binder.

— Voyez huit ressorts, rayon des voitures, — mêlant leurs crinières fauves à celles plus sombres des quadrupèdes, toujours sages. — Et cependant ce seront bien des chevaux entiers !

C’est ébouriffant.

Ce tournoîment dans l’espace, cette promenade circulaire avec l’infini pour cadre et le ciel bleu pour plafond, mais ce sera l’extase — plus encore, — ce sera le désespoir des derviches tourneurs eux-mêmes, qui viendront du fond de l’Inde pour se payer une tournée à notre céleste manège… et mourir !

Je vous disais tout à l’heure que sans mes chevaux vous n’auriez pas un chat ; il n’en sera pas