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C’est à ce point que deux ou trois sergents de ville avaient fini par remarquer cette curieuse coïncidence qui faisait toujours tomber la même voiture de place sur les plots.

Flairant qu’il serait reconnu à la fin, le cocher entêté changea de ligne de tramways à contact souterrain et ne fut pas plus heureux, il lui était tout à fait impossible d’arriver à tuer ainsi, à faire foudroyer son cheval.

La forte indemnité allait donc lui échapper et cela petit à petit l’exaspérait, le rendait fou.

Il avait fini, à ce jeu, par manger ses dernières économies. Comment faire ? Il prit une grande résolution, les mesures nécessaires et une fiole et alla faire un tour sur une des lignes où il était le moins connu.

C’était à la tombée de la nuit, entre chien et loup, par une journée triste de décembre, à l’heure propice pour les crimes audacieux…

À un moment où la rue était à peu près déserte, il sauta à bas de sa voiture, saisit la ganache de son cheval et lui fit ingurgiter sa fiole.

À peine terminée, l’opération réussit, car au bout de dix pas le cheval tomba foudroyé sur un plot

Enfin le cocher touchait au comble de ses rêves, il allait pouvoir encaisser la forte indemnité : cependant les choses n’allèrent pas toutes seules.

Il avait fait dresser séance tenante un procès-verbal de constat par deux agents, mais la Compa-