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— Oui, il y a une première aux Bouffes du Midi. Sautez en voiture, vous allez le pincer avant la sortie…

Inutile d’ajouter que treize minutes plus tard, M. Arthur Porte, le sympathique et éminent directeur du jardin zoologique d’acclimatation, mis au courant de la situation, s’empressait de rentrer chez lui, le rideau tombé sur la mort du traitre et de donner les ordres pour former les deux équipes de chiens de choix et d’élite en question…

Le lendemain, dès midi, les dites deux équipes de chiens du Mont Saint-Bernard et de Terre-Neuve, sous l’habile et discrète direction de leurs palefreniers, joints aux plus fins limiers de M. Lépine, parcouraient les boulevards, sans avoir l’air de rien, tranquillement, arrosant seulement de temps en temps, en passant, un tronc d’arbre, pour ne pas en perdre l’habitude, mais avec l’air calme et bon enfant de braves chiens qui sont simplement venus là pour s’amuser.

Mais dès deux heures la fête battait son plein et de la rue Scribe au faubourg Poissonnière, il aurait été impossible de laisser tomber une épingle par terre, tant était dense la foule, aussi bien sur la chaussée que sur les trottoirs et détail amusant et triste tout à la fois, trois braves citoyens s’étant trouvés enfermés, boulevard des Italiens, dans un de ces petits édicules circulaires où l’on aime parfois à s’isoler, dans une vespasienne pour l’appeler par son nom, ne pouvant pas sortir, mouraient littéralement de faim et poussaient des plain-