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sont la joie et la gaîté de nos rues, surtout sur le coup de midi, à l’heure du déjeuner, et dont j’ai si souvent esquissé l’aimable et gracieuse silhouette, avec leur nez retroussé, leurs dents blanches et leur rire perlé, allant s’égrenant vers le ciel brumeux de la capitale !…

Mais je deviens attendri comme un provincial ; je m’arrête et je termine en disant que si les jolis mannequins de Paris ont besoin de moi et de mes modestes conseils pour fonder leur syndicat, je leur suis tout acquis.

Elles n’ont pas à en douter. Ce sera encore faire une bonne action et c’est là qu’en parlant de mon métier d’économiste, au bureau de ces demoiselles, je pourrai vraiment m’écrier : quel joli métier, et si facile !

— Eh, eh ! qu’en savez-vous, et à votre âge, me répond l’écho moqueur ![1]

  1. Cette dépêche qui nous vient d’Amérique est à lire :
    Nous avons une nouvelle profession, c’est celle de bridemaid. On appelle ainsi les jeunes filles qui, moyennant un légitime salaire, veulent bien servir de demoiselles d’honneur dans les mariages à grand tralala. On en prend dix, on en prend quinze, suivant l’éclat qu’on veut donner à la cérémonie. Et c’est charmant, gai, délicieux. Naturellement, on exige que ces demoiselles soient pourvues d’une certaine beauté et qu’elles portent bien la toilette. Et l’on obtient ainsi d’admirables cortèges.
    On cite une jeune fille qui à ainsi figuré dans plus de deux cents cérémonies matrimoniales, ce qui lui a permis de réaliser une petite fortune. Aujourd’hui, elle songe à se marier pour son compte, mais elle ne veut pas payer ses demoiselles d’honneur.