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Et d’abord, n’oubliez pas que je suis toujours un modeste économiste et que je ne veux voir la question que sous cet angle, laissant volontairement dans l’ombre tout le côté fantaisiste et douloureux. Je ne suis point un moraliste, ou si, du moins, je le suis, c’est par les moyens pratiques, par les conclusions mêmes que j’espère imposer à l’esprit de mes lecteurs, et non pas par de belles tirades, d’impuissantes jérémiades et de stériles lamentations.

On a beau dire que c’est un bien joli métier, si facile et pas fatigant pour deux sous, que celui qui consiste à se pavaner, à faire la roue toute la journée dans de belles robes, couvertes de beaux affutiaux, devant de belles dames indifférentes ou impertinentes, il n’en est pas moins certain qu’il y a là, dans ce rôle de mannequin, un côté humiliant. Et puis on s’habitue ainsi au luxe, on ne peut plus s’en passer ; on trouve son modeste intérieur, le foyer familial, bien peu cossu et lorsque l’on est jeune et belle, de ces réflexions à prendre un amant, il n’y a qu’un pas qui, certes, est vite franchi… On ne le prend même pas, hélas, on écoute simplement les doux propos du premier snob qui se trouve sur votre passage et vraiment, il faut bien le reconnaitre, il est bien difficile qu’il en soit autrement.

Si du temps de Paul de Kock une petite grisette résistait difficilement à la tentation suprême de posséder une armoire à glace en acajou, aujourd’hui les jolies filles turlupinées par ce dieu malin