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J’accuse les compagnies de transport par traction animale de laisser mourir leurs braves serviteurs à moitié de faim, en les forçant à manger les chapeaux de dames pour se remplir l’estomac ;

J’accuse le préfet de police de ne pas prendre des mesures énergiques pour empêcher ces épouvantables accidents, ces scalpements aussi tragiques que journaliers, de la plus belle moitié du genre humain ;

J’accuse même le Parlement de ne pas voter une loi pour interdire les chapeaux à fleurs dans les grandes villes au-dessus de 50 000 habitants et tant que la traction mécanique ne sera pas devenue un fait tellement général que l’on n’aura pas à redouter le contact subit et inattendu des chevaux dans la rue.

J’accuse la société protectrice des animaux de n’avoir pas su inventer à temps une muselière hygiénique pour chevaux, de manière à leur éviter la terrible vindicte des femmes qui est encore beaucoup plus redoutable que la vindicte publique ;

J’accuse la mode, cette mode imbécile et anonyme, de s’entêter à faire toujours les chapeaux couverts de fleurs ;

J’accuse toutes nos grandes modistes et fabricants de chapeaux pour dames et demoiselles de ne l’avoir pas compris encore et de ne pas trouver autre chose.

J’accuse… Mais la place me manque et je m’arrête. Les remèdes ? Mais il y en a vingt,