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et il n’avait pas raté l’occasion de faire un bon déjeuner. »

Il ne s’agit que d’une aventure héroï-comique, mais il n’en est pas de même hélas, à Paris, où la mode de mettre des fleurs à profusion sur les chapeaux pour les transformer en véritables parterres, amène et provoque chaque jour les accidents les plus tragiques, les catastrophes les plus douloureuses et les plus irréparables.

Ah ! quand on est au grand air, dans la campagne, je sais bien qu’il n’en va pas de même et le danger est à peu près nul ; ainsi chaque année, lorsque je vais passer un mois au fond des Pyrénées, à Ax-les-Thermes, c’est avec une joie indicible que j’assiste aux fêtes des villages voisins, à Sorgeat, à Wachy, à Tignac, à Ascoux, où les jeunesses, les demoiselles viennent danser sur la place avec des chapeaux qui recouvrent leurs bonnes figures hâtivement hâlées par l’air vif de la montagne. Ces chapeaux sont tout un poème criard et provocateur de fleurs aux couleurs crues et brutales.

Ce spectacle épatant ne me rince pas l’œil, je vous assure, mais le plus souvent me l’écorche et cependant cette réunion, le concours de jardins ambulants, marchant et tournoyant sur toutes ces jeunes Sémiramis, forment bien le spectacle le plus curieux que l’on puisse imaginer. Mais là il n’y a pas de danger ; les vaches passent à la cantonade, en ruminant, la tête basse, et l’on n’est pas, comme dans les grandes villes, constam-