Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 324 —

coup de voitures encore trainées par des chevaux et de fréquents embarras de circulation.

Là le cheval — cette plus belle conquête de l’homme après le chien, dit-on — joue un rôle néfaste, et il faut bien avoir le courage de le dévoiler tout haut, malgré mes idées chevaleresques ou de chevalerie ou chevalines bien connue, c’est ici le cas de le dire !

Donc voici tout d’abord la petite histoire qui nous est contée par les gazettes et qui met en l’air toutes les dames, quoiqu’elle se soit passée de l’autre côté de l’eau :

« Il vient d’arriver une aventure bien désagréable à une dame de San-Francisco qui avait voulu réparer des ans l’irréparable outrage.

Elle attendait tout tranquillement sur le trottoir l’arrivée du tramway, quand tout à coup, pendant qu’elle tournait le dos à la rue, elle sentit derrière sa tête une mâchoire qui fourrageait dans ses cheveux.

La dame poussa un cri de terreur : elle était chauve, et un cheval paisible mâchait les derniers fils de ce qui avait fait le doux ornement de son visage.

La pauvre élégante, ayant perdu ses cheveux très tôt, les avait remplacés par des postiches fabriqués avec une plante ligneuse, le soup-root, qui les imite à la perfection.

Aucun homme n’avait découvert le subterfuge, mais le cheval ne s’était pas laissé tromper