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et comme j’admirais dans son bureau deux jolis cabinets italiens, je lui dis en manière de plaisanterie :

— Quel malheur que ce soit encore du faux et du chiqué.

— Non, mon ami, répliqua-t-il, sans s’émouvoir, ils sont authentiques ; je les ai payés trop bon marché, pour que l’on se soit donné la peine de les fabriquer dernièrement.

Pensée profonde qui devrait être le phare lumineux — si une pensée peut jamais se transformer en phare — qui devrait bien éclairer la faible jugeotte de tous les amateurs et collectionneurs qui ne sont pas encore tombés en enfance — sauf le respect que je dois à leur famille et surtout aux marchands de curiosités qui savent les chambrer dans les grands prix !

Dernièrement, on nous a appris comment les Anglais fabriquaient des momies archi-authentiques au plus juste prix, après avoir fait de la couleur, du bitume pour tableaux tristes, pendant de longues années avec celles qui remontaient vraiment aux Pharaons, comme j’ai eu l’insigne honneur de le conter ici-même[1]. La vie a de ces

  1. Ce chapitre paraissait le 12 Avril 1903, après bien d’autres sur le même sujet, depuis des années, dans l’Ouest Républicain et ailleurs, et le 30 octobre 1904 la Réforme Économique, faisant allusion à mes travaux, publiait la curieuse note suivante :
    En Angleterre, certain commerce est dans la consternation, en raison de l’avilissement des prix. Là aussi, y aurait-il surproduction ? Il s’agit d’un commerce très spécial :