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le plus absolu à son domestique et nous rentrâmes en ville.

Le lendemain, nous étions de retour à la grotte une heure plus tôt avec une charrette et de la paille et, avec des rouleaux de bois, mille précautions et une fatigue de tous les diables, nous ramenâmes secrètement la femme pétrifiée pendant la nuit au domicile de mon ami.

Après l’avoir installée dans un hangar sûr, fermé et bien agencé, je fis ma conférence et il fut convenu que mon ami — heureusement assez riche — allait commander de suite à Paris un appareil frigorifique perfectionné et capable de contenir la femme pétrifiée et qu’aussitôt en possession de l’appareil, il me préviendrait.

C’est fait, je rentre à Clermont-Ferrand et je suis fou d’impatience…

… Une fois placée dans le frigorifique, nous fîmes sauter délicatement la couche de silicate pétrifié qui recouvrait le visage et la poitrine et aussitôt une jeune femme d’une incomparable beauté, en chair et en os, comme endormie seulement, mais pas morte, fraîche et rose, apparut à nos yeux. Jamais je n’oublirai une pareille apparition. Elle est là toujours dans le frigorifique de mon ami, souriante comme si elle allait se réveiller et cependant elle doit avoir plus de quatre mille ans !

Et nous avons comme un scrupule de la débarrasser de sa couche entière de silicate… Si nous allions la perdre !