Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 297 —

reur du Sahara lui disant de lui faire un gilet de parade pour les grandes réceptions du jour de l’an avec ces peaux de taupes albinos, et séance tenante, il fondait l’ordre de la taupe immaculée.

J’espère, cette fois, mes chers lecteurs, que vous commencez à bien saisir toute l’influence vraiment colossale des gilets sur l’agriculture.

En effet, dans de nombreux départements de la France, les taupes sont payées soixante centimes pièce aux taupiers, ce qui donne un morceau de pain à une foule de pauvres diables qui n’en avaient pas toujours à leur suffisance, ce qui est infiniment plus moral et plus utile que de tuer les alouettes, si utiles à l’Agriculture, comme on le laisse faire d’une façon criminelle dans le centre de la France, dans l’Indre, principalement.

Il est inutile d’ajouter que dans ces mêmes départements les taupes sont tout à fait détruites, ce qui va être une bonne fortune, à tous les points de vue, les taupes étant de terribles terrassiers — puisque le féminin terrassières n’existe pas, de par l’égoïsme des hommes.

Eh bien, vous y êtes, cette fois, et vous voyez enfin apparaître dans toute sa fulgurante splendeur l’importance capitale de la très grosse question économique de l’influence des gilets sur l’agriculture nationale.

Ceci me remet en mémoire l’étonnant acteur dont le nom m’échappe, qui faisait le père de Molda, dans la Timbale d’argent, si mes souvenirs ne me trompent pas, et qui, à un moment donné, disait :