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aussi grave sujet, mais qui n’en sont pas moins bien suggestives :

« Ce n’est pas la seringue de Pravaz, c’est la seringue du bon Dieu.

M. de Bonnefon avait posé, il y a quelques jours, la vieille question de la craniectomie de l’enfant, dans les accouchements qui mettent en danger la vie de la femme.

L’Église et ses théologiens ont toujours soutenu qu’il faut essayer, coûte que coûte, de tirer l’enfant vivant du sein de la mère, au risque et même avec la certitude de tuer celle-ci.

D’après l’Église, en effet, la vie surnaturelle de l’enfant importe plus que la vie naturelle de la mère. Or, c’est le baptême qui, seul, peut donner la vie surnaturelle.

L’enfant pourra-t-il, ou ne pourra-t-il pas être baptisé ? C’est toute la question.

Or, un jeune médecin de Lyon vient de trouver et de proposer une solution nouvelle aux théologiens.

Cet homme de génie a inventé une seringue intra-utérine, qui permet de baptiser l’enfant, avant sa venue au jour.

Vous voyez la chose. Le curé ou le vicaire, mandé en hâte, arrive, tire son instrument de sa poche et se recueille une seconde pour avoir bien « l’intention de faire ce que fait l’Église ». Puis, il prend un peu d’eau naturelle et tâche de la faire parvenir à destination, en prononçant les paroles sacramentelles :