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jeune enfant, parce que, pour moi, par galanterie, une femme est toujours jeune, même quand elle a passé dans la vieille garde depuis pas mal de lustres.

C’est là, dans ces officines de coiffeurs pour dames entre chien et loup, oui, mon petit chat, que — réparant des ans l’irréparable outrage — on astique, on répare et l’on donne le coup de flon à tous ces visages pâles avant la grande bataille du soir, la bataille pour l’absinthe et le pain quotidien qui va se livrer aux Folies-Bergère, au Moulin Rouge ou au Casino de Paris, où a lieu la traite volontaire des blanches à prix librement débattus…

Mais pendant que travaillent les artistes capillaires, ceux que l’on appelle bien à tort des merlans, car ces dames ne passent pas toute leur vie au milieu des poissons, les potins du quartier vont leur train, et en été dans les grandes chaleurs, lorsque le peignoir est forcément ouvert pour se donner un peu d’air, ces heureux mortels peuvent exercer à loisir pendant une demi-heure leur métier de plongeurs et poursuivre à fond leurs études sur les secrets les plus mystérieux de la géographie féminine…

Quel joli métier et si facile ! Et l’habile topographe, après avoir relevé le relief des monts, constate trop souvent des affaissements de terrain vraiment inquiétants !…

En général, ces dames ont toujours le même garçon coiffeur attitré et fatalement une certaine