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les autorités, aussi compétentes qu’artistes, de votre merveilleuse découverte.

Cependant je dois le dire, une fois dehors, au grand air de la butte, j’eus des doutes, je fus lâche et, au lieu d’aller tout droit aux Beaux-Arts, je me dirigeai simplement chez un numismate, un chimiste et un paléographe de mes amis et nous prîmes date pour retourner à la Butte, voir les bras de la Vénus de Milo de mon marchand de vin.

— Quelqu’enseigne parlante ! disait en montant le chimiste fumiste : les bras en croix sur un litre de vin et dessous :

IL MIT L’EAU !

— Tais-toi, profanateur de l’art, lui répliqua le numismate et nous arrivâmes.

À l’aide d’un réactif puissant et mille précautions, le chimiste parvint à nous faire deviner l’inscription perdue dans la rouille, cela voulait dire un tel (ici un mot illisible) à Millau et non pas Milo.

Ce fut pour nous un trait de lumière et une déception profonde tout à la fois ; mais m’étant ressaisi, je ne voulus pas en avoir le démenti — et je partis par le premier express pour la jolie sous-préfecture de l’Aveyron — et là, après trois semaines passées à l’hôtel, ce qui n’était pas gai, je pus fouiller les archives du pays, et je finis par découvrir qu’un artiste auvergnat, un sculpteur compatriote de Vercingétorix et de Puech, habitait à Montmartre la maison même de mon marchand