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l’idée de les tirer avec des balles en anneau sans les tuer.

On les attache avec un fil imperceptible à la patte pour qu’ils ne s’envolent pas de l’endroit où ils sont, dans des salles-volières ad hoc du reste et avec un revolver-pistolet de salon chargé avec un atome de poudre, au lieu de tirer à balle sur eux, l’on tire avec des anneaux lancés par l’arme à feu et il faut pour gagner les prix et les paris, souvent considérables, que la bague, anneau passe, coupe le fil qui retient l’oiseau-mouche et que l’oiseau-mouche passe lui-même au milieu de la bague, sans éprouver la moindre écorchure, déchirure ou blessure !

Souvent il tombe étourdi ; mais si le tireur est adroit, le pauvre petit oiseau se remet bien vite et n’a rien du tout. Ce jeu du tir, à la balle-anneau, est vraiment prodigieux et il fallait à la fois toute l’adresse, toute l’audace et toute l’imagination des Américains pour oser l’inventer et surtout pour le mettre en pratique.

L’on peut dire, sans crainte de se tromper, que c’est là un genre de sport qui laisse bien loin derrière lui la fameuse expérience forcée et obligatoire de Guillaume Tell ! Du reste Guillaume Tell avait visé la pomme sur la tête de son fils avec une balle et non pas avec un anneau, car sans cela, j’aurais certainement entendu parler de la bague à Tell !

Maintenant ne croyez pas que l’on massacre tant que cela les oiseaux-mouches, car s’ils ne sont