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Mais avant de vous conter le fait, j’ai voulu le vérifier, je me suis adressé aux plus illustres savants des États-Unis et il paraît que le dit fait est tout ce qu’il y a de plus patent et épatant naturellement.

Tout le monde a vu jouer à la Comédie-Française la célèbre pièce, la joie fait peur qui a charmé plusieurs générations avec le Chapeau de paille d’Italie et les Saltimbanques. C’est donc une affaire jugée, connue et sur laquelle il n’y a plus à revenir.

La joie fait peur ! et ne venez pas dire le contraire, car tout le monde commencerait par vous rire au nez.

Moi, je veux bien, je n’y vois pas d’inconvénient, quoique, au fond, je pense que la joie fait surtout beaucoup de plaisir à celui qui l’éprouve ; mais enfin ce que l’on a laissé toujours dans l’ombre, c’est le côté purement physiologique de la joie et de la peur sur le corps humain.

Je me souviens que lorsque j’étais tout jeune encore, rien ne n’intéressait comme d’aller passer une après-midi du dimanche au vieux musée d’anatomie comparée au Jardin des Plantes, celui dans lequel il pleuvait, qui avait deux grandes carcasses de baleines à sa porte et les statues mégalithiques en grès rouge de l’île de Pâques que nous avons vendue si bêtement — ô crime sans nom — pour 1 800 francs à un Chilien, sans que jamais les Chambres françaises aient daigné intervenir…