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éviter les congestions et celui qui se trouve en haut, la tête en bas, n’a plus besoin de badine pour se tenir en équilibre, aussi ils passent à juste titre dans tout l’État de Nébraska pour les premiers équilibristes du monde !

Il est bien certain qu’ils sont destinés à avoir un immense succès à l’Exposition de Saint-Louis, l’année prochaine, où ils seront bien véritablement le clou — le clou à deux têtes — de la grande exhibition[1] !

Un manager va leur installer un palais et un parc où l’on verra celui d’en bas jouer du piano et celui d’en haut jouer du violon la tête en bas. On les verra se retourner et intervertir leur jeu ; on les verra labourer, celui d’en bas conduisant la charrue et celui d’en haut époussetant les mouches des bœufs. On les verra marcher à deux, quatre, six et huit pattes ou pieds ad libitum.

On les verra… mais à quoi bon dévoiler toutes ces merveilles ?

On m’affirme qu’ils vont se marier et comme naturellement ils vont être obligés de garder le même lit, sauf le trou pour loger leurs deux têtes, ils vont le faire séparer en deux par une cloison mobile, de manière à ce que les deux ménages puissent être chacun chez eux !

Maintenant quand ils veulent se retourner, ils n’ont plus besoin de se consulter, ils le font toujours ensemble, sachant réciproquement ce

  1. Cette nouvelle a paru dans l’Ouest Républicain, le 25 octobre 1903.