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pelade lui fit perdre les cheveux et la barbe jusqu’au dernier poil et comme il était optimiste, il s’écria triomphant : « Voilà autant d’argent et de temps économisés, car maintenant je n’ai plus besoin de coiffeur. »

Sur ces entrefaits il commença à prendre de l’âge et du ventre et il demanda la permission à ses médecins et chirurgiens ordinaires et extraordinaires de faire un peu de gymnastique en chambre et ils ne lui permirent que le jeu de boules, à condition qu’il ferait la boule !

Il s’en trouva fort bien, reprit sa taille svelte et au bout de trois mois ne pesait plus que 49 kilos.

C’est alors que se passa la plus belle nuit de sa vie. — Je dis nuit puisqu’il était aveugle. — Le président de la grande république étoilée ; — je dis étoilée puisqu’il était toujours aveugle et que par conséquent c’était la nuit pour lui ; — vint en personne lui rendre visite et lui remettre le parchemin qu’il avait acheté dix mille francs du pape lui-même et qui lui conférait le titre de baron Minimum des Vestiges !!!

Et alors sans larmes, puisqu’il ne pouvait plus pleurer, mais fortement ému, le brave Agénor Roublardini, maintenant baron Minimum des Vestiges, qui avait fait preuve toute sa vie d’un si bon caractère, s’écria fort joyeusement : — « Merci monsieur le Président, et vraiment il faut avouer que, tout de même, la vie a du bon ! »

En récompense de leur science admirable, ses