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Une fois guéri de nouveau, il se consola en disant :

— Du moment que je n’ai rien perdu d’essentiel, il n’y a pas de mal, la seule chose qui m’ennuie, c’est que je suis forcé de rester célibataire.

Quelques mois plus tard la balle d’un maladroit tirant à la cible vint lui traverser le cerveau et son médecin extraordinaire fut obligé de lui faire l’opération de la trépanation et même de lui enlever complètement la cervelle, se souvenant que l’opération avait parfaitement réussi sur des pigeons. En effet, six mois après sa cervelle repoussa et, complètement guéri, il s’écria joyeusement : « Tant que la place d’armes n’est pas attaquée, il n’y a pas de mal ! »

Il fut tranquille pendant deux ans et au bout de ce temps un second maladroit en voulant se suicider, lui envoya une balle en plein cœur où elle resta, et comme il avait le sang jeune et une bonne constitution, il se remit promptement et une fois sur tronc, il s’écria joyeusement : « Je ne peux pas dire que j’ai bon pied, bon œil, puisque j’en suis privé, mais il me semble que je n’ai pas à me plaindre puisque cette balle dans le cœur fait une heureuse compensation à tout ce qui me manque. »

De plus, comme son aventure commençait à faire grand bruit dans tous les États-Unis et Désunis des deux Amériques, Barnum faisait un argent fou et avait doublé le traitement du jeune Agénor Roublardini qui s’écriait gaillardement, en se frot-