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logie psychologique et passionnelle si curieux, un coup de théâtre allait se produire, inattendu, surprenant, foudroyant.

Au moment où le président allait clore les débats et où les jurés allaient se retirer dans leur salle de délibération, la jeune couturière, victime de l’attentat, qui avait été interrogée, demanda à faire une nouvelle déclaration :

— Pour être juste et quoiqu’il m’en coûte je dois déclarer qu’avant d’avoir été prise de force par Monsieur, j’avais déjà eu, de bonne volonté, parce que je l’aimais, un bon ami qui m’avait promis le mariage et qui est actuellement au régiment.

Si je n’avais pas connu déjà le truc, je ne me serais pas laissé faire si facilement par Monsieur… mais j’ai bien peur que mon coquin de promis ne m’ait oubliée. et même plaquée là…

Cette déposition, tout à la fois honnête et naïve était à peine achevée qu’on entendit une voix flûtée et attendrie s’écrier :

— Ah ! le pauvre ! il a été encore une fois déçu !

C’était la femme de l’accusé qui n’avait pu s’empêcher de manifester son sentiment, à la grande joie de la salle qui éclatait de rire au nez des robes rouges, si j’ose m’exprimer ainsi.

On entendit tout à coup comme une masse qui tombait lourdement. C’était l’accusé qui s’était laissé choir sur son banc en s’écriant :