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Dès qu’il sera immergé, le bateau se dirigera vers le point où les navigateurs sauront qu’il se trouve une première nappe d’eau libre. Si au bout d’une heure la lumière montre que le sous-marin s’approche d’une crevasse dans la croûte glaciale, on immobilisera l’hélice verticale, et le bateau montera à la surface, où il continûra son voyage au plus grand avantage des observations scientifiques. Si, dans les six premières heures, il ne s’est trouvé aucune fente ni solution de continuité dans la couche de glace, le bateau montera avec précaution, jusqu’à frôler la surface inférieure de la glace, et s’avancera lentement jusqu’au point où le manomètre indiquera une épaisseur moins grande. Là un trou sera foré et si petit qu’on le suppose, il sera suffisant pour renouveler la provision d’air respirable. Si, contrairement à toutes les expériences faites jusqu’à ce jour, aucune de ces chances de réussite ne se présente, le bateau virant de bord, reprendra le chemin qu’il a parcouru et, revenant à son point de départ, il modifîra légèrement sa direction pour s’enfoncer sous une couche de glace moins continuellement épaisse et qui permettra aux voyageurs de parvenir sinon à une mer libre, au moins à un canal qui se dirige vers le Nord.

Tel est le projet de M. Kampfe. Nous le donnons pour sa curiosité et pour sa témérité aussi, car nous sommes obligés de confesser que les manœuvres auxquelles il se propose de se livrer sous l’eau et sous la glace polaire sont singulière-