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J’ai contemplé face à face les guerriers empanachés, conservés sous de grandes vitrines dans la cathédrale de San Juan de Porto-Rico, au temps de la domination espagnole.

Il y a quelques jours à peine je visitais en détail le merveilleux et incomparable cimetière de Barcelone, derrière Montjuich, qui a fait d’une montagne aride un point riant et une extraordinaire exposition de sculptures et d’œuvres d’art et j’ai même poussé jusqu’aux Baléares et j’ai vu dans la cathédrale de Palma, à Majorque, un roi que les prêtres ont tiré de son tombeau sous mes yeux, réhabillé à la fin du XVIIIe siècle de vêtements somptueux et qui dort là de son dernier sommeil, si j’ai bonne mémoire depuis 1392.

Oui j’ai vu tout cela et j’en ai conservé une intense et souvent poignante vision qui, presque toujours, ne manquait pas d’une certaine grandeur, mais je n’ai jamais vu rien d’aussi lugubrement grotesque, d’aussi cruellement cocasse que ce que les bonnes gens du petit village, près de Coire, aux pays des Grisons, ont trouvé le moyen d’inventer, dans leur imagination dévergondée de cerveaux malades.

Et quand je parle de ce petit village perdu dans les montagnes, je suis bien modeste, car je me suis laissé dire qu’il y en avait d’autres possédant la même curiosité (?) dans la contrée.

Donc, comme cela existait encore dans toute la France il y a seulement quarante ans, dans mon enfance, le cimetière se trouve autour de l’église