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tourelles par une couche choisie de madrépores et de coraux.

Ces derniers formaient le fond plat des murailles et offraient à l’œil comme une couche régulière et superbe d’astrakan — ou astracan, comme dit l’Académie — d’une éblouissante blancheur.

Tous les angles, les embrasures des portes et des fenêtres, la large corniche qui courait au-dessous de la terrasse et les deux tourelles tronquées étaient revêtus de coraux également blancs, toutes leurs tiges intactes et innombrables dirigées sur le dehors.

Ma maison finie, en plein soleil, l’effet était vraiment prestigieux et l’on aurait dit qu’elle était revêtue de milliards de diamants étincelants sous les rayons de l’astre du jour, comme auraient dit nos pères et cependant la température intérieure était toujours absolument fraîche et délicieuse.

La nuit, les lucioles, les coucouilles lumineuses, grosses comme le pouce venaient se prendre dans les branches de coraux et alors la maison était tout naturellement enguirlandée de festons et d’astragales lumineux : c’était féérique, au point d’arracher des cris d’admiration à tous les noirs de la plaine, à tous les propriétaires des habitations qui s’écriaient en parlant de la maison :

— Li belle, li belle ! et en parlant de moi :

— Li petit à Bon Dieu, capable tout faire !

Il est vrai que j’avais pensé à tout — ou à peu