Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 104 —

Oui, mais une fois la résolution prise, où trouver des pierres dures, solides, en abondance et à bon marché.

Il y avait bien un ingénieur fort distingué qui était en train d’enlever une partie de la montagne, près du Cap Haïtien, pour faire la route de la Petite Anse et le chemin de fer de la Grande Rivière, mais je reculais devant les frais de transport dans un pays où les routes sont mauvaises et défoncées au lendemain d’une pluie aussi diluvienne que tropicale et j’eus une idée que je crus aussi lumineuse que pratique : construire une maison avec tous les coraux et tous les madrépores qui abondaient sur le rivage et que l’on ne trouvait même pas à vendre à vil prix pour faire de la chaux, après cuisson préalable.

Comme je suis un homme de résolutions mûries sans doute, mais énergiques, qui fut dit, fut fait et, étant moi-même mon propre architecte, je m’empressai de faire réunir une grande quantité de matériaux par mes ouvriers et je fis commencer ma maison en construisant des murailles très épaisses, flanquées de deux jolies tourelles tronquées, comme tout propriétaire qui se respecte doit en posséder, — car à la campagne et même aux colonies une maison doit toujours avoir des tourelles !

Puis, pour obtenir plus de beauté, de solidité et d’élégance, tout à la fois, je fis revêtir toute la demeure, sur ses quatre faces et mes deux