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genre qui s’était produite, il y a quelques années, au milieu des montagnes des Cévennes, dans le Vivarais si vous voulez.

La petite histoire des Flandres n’est déjà pas banale, direz-vous ? Attendez la mienne, tout aussi authentique, est beaucoup plus curieuse, plus amusante, plus singulière, plus colorée, parce qu’elle emprunte une intensité particulière de vie et de mouvement à l’impétuosité du caractère méridional et parce qu’elle est comme une réduction-Colas des passions mêmes qui ont agité les hommes dans les grèves de ces dernières années. Aucun détail n’y manque — si j’ai la bonne fortune de n’être point trahi par ma mémoire et de n’en omettre aucun — et c’est là ce qui constitue tout le mérite de cette aventure, banale ou de peu d’importance en elle-même, sans doute, mais qui se présente à notre esprit comme une anecdote économique, comme un bibelot sociologique, si j’ose m’exprimer ainsi.

Reportons-nous donc par la pensée, comme disaient les conteurs de 1830, en arrière de quelques années et au fin fond d’un petit village perdu au tréfonds des Cévennes, si l’on ne trouve pas la figure trop hardie.

Un beau jour, tout comme à Hochelaga, les enfants de chœur se mirent en grève tel un seul… enfant, non pas que le curé ne les payait pas assez, mais simplement parce qu’il refusait de leur acheter une belle chemise, ou soutanelle rouge neuve.