Le comble de l’économie
Il est de notoriété publique depuis le commencement du monde que les avares sont ingénieux pour arriver à satisfaire leur passion et leur cupidité ; cependant il convient de ne pas confondre l’avare, c’est-à-dire celui qui meurt bêtement de faim sur un tas d’ordures en possédant vingt-cinq mille francs de rentes avec l’homme simplement économe.
C’est d’un homme économe, nullement avare et encore jeune, dont je veux parler ici. J’étais dernièrement au fond des Pyrénées, à Ax-les-Thermes, bien tranquillement à prendre les eaux et à me reposer, lorsqu’en attendant ma douche, je fis la connaissance de l’original le plus curieux que j’aie jamais rencontré dans ma vie.
Quand il apprit que j’étais économiste de profession, il tint à se faire présenter et me dit qu’il n’était qu’un modeste adjuvant de la science économique, étant lui-même statisticien.
Je ne tardai pas à voir comment la manie du calcul et souvent de la précision, avait détraqué cette intelligence, encore très jeune et très vive par plus d’un côté.