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réunie à ses voisines par des passerelles avec toiture et fermeture en soufflet comme celles qui réunissent les wagons des grands express, afin d’éviter chez les malades et les pensionnaires les courants d’air et le vertige !

Sans trop me flatter, de la sorte, je crois bien avoir pensé à peu près à tout.

Un ami, à qui j’exposais mon projet, m’a répondu :

— Mon cher avec tes passerelles à soufflet, certainement fort ingénieuses et pratiques, on va dire qu’il y a là une idée musicale, qu’il s’agit d’un sanatorium-accordéon et l’on te renverra au Conservatoire.

— C’est possible, mais je me moque des moqueurs ; j’ai conscience de travailler mû par un sentiment supérieur, noble entre tous, pour le bien de l’humanité et je poursuivrai la réalisation de mon projet sans défaillance…

Mon ami, ému jusqu’aux larmes et désarmé me serra silencieusement les mains et c’est ainsi qu’une forte conviction désarme toujours le rire des imbéciles et des méchants.

Je vais donc, loin des microbes et des poussières meurtrières, avec mes sanatoria aériens, à 600 mètres d’altitude, dans mes ballons géminés pouvoir faire des cures admirables et guérir mes contemporains de la tuberculose…

Avouez que l’idée est généreuse, sublime le but à atteindre et mon cœur tressaille de joie à la pensée que je vais enfin mettre sur câble une