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— Pas besoin : il a un flair merveilleux et il va ainsi chercher tous les touristes. C’est mon pisteur.

— Vraiment ?

— Et il n’y a pas un serviteur dans n’importe quelle ville d’eau pour le dégoter, allez !

Je l’appelai :

— Ici, Pisteur — c’était son nom — et lui présentai un morceau de sucre qu’il happa fort délicatement…

Que vous dirai-je de plus ? Nous fîmes un excellent déjeuner, car nous mourrions de faim et nous nous quittâmes les meilleurs amis du monde, avec le patron et avec le chien qui tint à nous reconduire jusqu’au bout du pont pour nous montrer le chemin de la gare.

Depuis, il est peut-être bien mort, car près de huit ans ça compte dans la vie d’un chien ! Mais j’ai tenu à conter ici cette histoire de Pisteur pour montrer qu’il y a vraiment des chiens intelligents et qui savent contenter tous les clients, tous les touristes et faire gagner beaucoup d’argent à leur maître, même sans être polyglotte !

Mais, bast, Pisteur, le bon chien, n’en avait pas besoin, — de langue — car, plus malin que l’espéranto, il parlait avec la queue et avec les yeux, et sa chanson de geste est restée dans mon esprit comme un des souvenirs les plus charmants de mes promenades à travers la France.