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comprendre doucement que l’on devait y jouir d’une plus belle vue.

Cependant malgré la largeur de ces belles dalles plates, mais sans balustrade, nous eûmes peur du vertige et nous ne parûmes pas comprendre sa gracieuse invitation et il reprit sa place derrière nous, en file indienne.

Arrivés au bout du canal-tunnel aérien, nous eûmes l’air de nous orienter un instant, il y avait un petit sentier qui nous ramenait au bas de l’aqueduc romain, sur le pont moderne, c’est-à-dire sur la route au fond de la vallée, au-dessus du Gard ; le chien s’y engagea, en se retournant tout le temps pour voir si nous le suivions bien, une fois sur la route nous fîmes mine de traverser le pont pour retourner à la gare, mais notre diable de chien se mit à bondir, à japper joyeusement devant nous sur l’autre route qui était perpendiculaire au pont. Manifestement il nous engageait à le suivre et nous le suivîmes par curiosité.

Deux minutes plus tard nous étions devant un café-restaurant aux tonnelles verdoyantes en forme de véranda. Le chien nous précédait, nous invitant à entrer, et comme nous dégustions un excellent vermouth :

— C’est votre chien, dis-je au patron accouru pour nous servir à déjeuner ?

— Oui, Monsieur.

— Il a l’air doux et intelligent ; mais pourquoi diable nous suit-il depuis une demi-heure ? C’est vous qui l’avez envoyé à notre rencontre ?