Page:Paul Vibert - Pour lire en ballon, 1907.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 18 —

Donc, après avoir séjourné quelques temps à Tarascon, pour visiter Beaucaire, les Baux et toutes les curiosités du pays, nous avions pris de bon matin le train à Tarascon pour aller contempler le pont du Gard, cette merveille unique au monde de conservation et de hardiesse, remonter enfin le cours si poétique de la rivière et revenir déjeuner, si possible, dans un cabaret quelconque.

Après avoir examiné en détail l’architecture audacieuse des Romains, les assises intactes sur les rochers de la rivière, comme si on les y avait plantées là la veille et ces corbeaux de pierre qui font encore l’étonnement des hommes du métier par leur état de conservation, nous avions grimpé quelques marches pour traverser au sommet le pont lui-même dans le canal rectangulaire de pierre qui servait autrefois au passage même des eaux allant alimenter la ville de Nîmes, l’antique et importante cité romaine.

Chose curieuse, ce passage — souvent à ciel ouvert, car la majeure partie des dalles qui le recouvraient ont été brisées par le temps ou plutôt enlevées pendant le moyen-âge par les hobereaux de la contrée qui s’en servaient pour réparer leur castel — est souvent à peine assez large pour laisser passer une personne, tant les dépôts calcaires de chaque côté ont formé une couche épaisse et compacte qui le bouche et l’obstrue en partie.

À peine étions-nous engagés dans ce passage supérieur de l’aqueduc, qu’un bon gros chien se mit à nous suivre.