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le passage Véro-Dodat

aussi, sans s’arrêter aux bagatelles de la porte, ces deux sympathiques industriels en graisse se mirent à l’œuvre résolument et, en moins de deux ans, ils livraient au public épaté — le mot remonte à Rabelais, c’est ce qui l’excuse ici — un passage tout battant neuf, où le marbre, les glaces, le gaz et les fresques étaient prodigués.

Oui, des fresques parfaitement troussées, ma foi ; elles ne sont pas plafonnantes, mais on peut encore les admirer aujourd’hui, au-dessus de sa tête, dans les caissons, entre les jours vitrés.

Mais ce qui fit son succès, c’est… le gaz, parbleu ; c’était une nouveauté alors, plus grande que l’électricité ne l’est maintenant et tout le monde allait voir cette lumière étincelante qui laissait loin les oribus, les goberons et même la chandelle.

Ici je cite textuellement ce brave Léo Lespès, dont le style lui-même a comme un parfum d’archaïsme.

« En 1844, parut une publication ayant pour titre : Les Belles Femmes de Paris, qui attira au passage Véro-Dodat une foule immense, parce que l’une d’elles, restée fidèle (et disons-le, la plus belle de cette galerie), habitant le passage en question, attirait un concours de curieux, nous pourrions dire d’adorateurs, que sa chaste beauté sut toujours tenir à l’écart au moyen d’un léger