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MON BERCEAU

cement vide, ce néant, semble un défi jeté au bon sens des Parisiens.

On discute, on se bat, on parlemente sur une question misérable : à savoir si l’on doit exproprier la maison en façade sur les boulevards.

Mais oui, triples béotiens, il faut l’exproprier et tout de suite, et planter sur le boulevard une claire façade d’où s’échapperont toutes les mélodies qui s’envolent à travers le monde et font la gloire de l’École française depuis 60 ans.

L’Opéra-Comique ! mais c’est notre chair, notre sang, notre âme, notre cœur, mais c’est la France entière qui vibre et palpite, mais c’est le peuple de Paris qui dresse l’oreille et se cabre aux airs connus, comme un cheval de race devant le régiment qui passe, tambour battant !

L’Opéra-Comique ! mais c’est l’esprit, la gaîté, la joie, le génie français protestant à la face du ciel contre les tirades assommantes, les litanies endormantes, les élucubrations navrantes de l’Allemagne.

L’Opéra-Comique ! mais c’est plus que le temple de la musique, c’est un monument patriotique au premier chef, c’est la maison d’Auber, d’Hérold, de Maillard, de Gounod, de Bizet ; et croyez-vous, en vérité, mécréants que vous êtes, que ces camarades-là n’ont ras bien mérité d’avoir une belle façade sur les grands boulevards et une