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les chalets

Voilà qui est entendu : le droit de s’isoler un instant de ses concitoyens et des passions humaines, dans une cellule de la Compagnie des Chalets de nécessité, coûte dix centimes au lieu de cinq centimes ; la responsabilité d’une aussi grave atteinte portée à la vie courante des Parisiens, dans ce qu’elle a de plus intime et de plus respectable, doit remonter à quelqu’un. Nous voulons le savoir, qu’on nous réponde ?

Aux jours les plus sombres de la Révolution, dans les moments d’épidémie les plus effroyables, pendant les hivers les plus meurtriers, Paris n’a jamais été aux abois comme en ce moment, il n’a jamais été aussi lamentable, aussi triste, que depuis que les chalets de nécessité sont à dix centimes et, c’est en tremblant, les larmes au bout de ma plume qui gémit sur le papier, que je me décide à retracer ici quelques-unes des scènes d’horreur qu’engendre chaque jour par milliers, dans notre infortunée capitale, la mesure aussi égoïste qu’inhumaine de la féroce Compagnie des Chalets de nécessité.

Voyez cette femme qui s’élance, les traits décomposés, vers la Seine, en tenant ses deux jeunes enfants par la main, c’est une pauvre ouvrière qui va mourir. Un sergent de ville au