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Mon berceau

Citons au hasard les rues Beethoven, Erlanger, Gutenberg, Herschel, Leibnitz, Mozart, Ruhmkorff, Goëthe, etc., etc. ; c’est à croire, ma parole d’honneur, que nous sommes devenus le Panthéon du Waterland : c’est un peu trop bête à la fin. Et les rues Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monsieur-le-Prince, etc., à quoi cela rime-t-il ?

Mais ce n’est pas tout. Vous croyez peut-être qu’il nous suffit d’être envahis par un tas de noms de calendrier, sans valeur, sans couleur, sans raison, et par un autre tas de noms de tous les plus ou moins grands hommes allemands, anglais, italiens, autrichiens, etc., toute la triple-alliance en un mot ? Quelle erreur est la vôtre ! Jusqu’à présent nous cheminions doucement dans une routine archiséculaire, où nous étions dupes à force d’être naïfs envers les étrangers, mais voilà que maintenant nous tombons dans le grotesque, le bouffon et le trivial.

Ainsi, dans le dix-septième arrondissement, aux Ternes, M. Émile Allez donne à une rue le nom de son gendre, M. Aumont-Thiéville, puis il meurt, et sa veuve donne à une rue son propre nom d’Émile Allez ; en vertu de quelle délibération du Conseil municipal, S.V.P. ? Il s’agit là de rues libres, non grillée, et l’on se demande avec stupéfaction où nous allons, si tous les clincailliers de Paris, comme disait Cherbuhez, si tous