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mon berceau

compagnons, grâce à ses paroles enflammées, que le café de Foy jouit d’une réputation européenne.

Cependant, à côté de cette grande figure, c’est par milliers qu’il faudrait compter les hommes célèbres, ou simplement originaux, qui y ont passé et ont laissé des traces dans le souvenir des vieux du quartier.

C’est le marquis de Ximénès toujours en gestation d’une tragédie ; Baculard d’Arnaud, toujours sans le sou ; Lebrun le nouveau Pindare, sobriquet qui n’a guère été confirmé par l’ingrate postérité ; Martin le Cynique, un toqué qui ne manquait ni d’esprit ni de courage ; Carle Vernet, le père d’Horace ; l’architecte Célérier ; le directeur du Vaudeville Barré ; le peintre Thévenin ; le fameux fabricant de bronze, Ravrio ; l’écuyer de l’empereur de Lourgès ; de Gontaut, et enfin Horace Vernet qui, tout enfant, y passait une partie de son existence au milieu de ses grands amis et était déjà la gloire et l’étonnement du cénacle.

C’est également du café de Foy que partit la première souscription en faveur de la tentative aérostatique de Montgolfier ; comme ami de la famille de Montgolfier et comme président des Aérostiers civils de la Seine, je ne saurais vraiment passer sous silence un fait aussi capital.