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mon berceau

Aussi bien, la tâche n’était pas facile. On connaît ce foyer minuscule du Palais-Royal : une salle étroite, peu longue en somme, au niveau des fauteuils d’orchestre ; tout un côté est pris par la galerie qui donne sur les loges de l’étage supérieur, en face une cheminée avec, dessus, en même temps, une grande glace ; il ne restait donc qu’un panneau courant le long de la muraille, en haut, de chaque côté de la glace.

C’est là qu’il a dû faire défiler dans une ronde folle, étincelante de vie, de gaîté, d’humour, de jeunesse et de grâce, tous ceux qui ont fait la grandeur et la fortune du théâtre du Palais-Royal depuis plus de 60 ans, par leur talent et par leur jeu inimitable.

La difficulté était grande, comme je le disais tout à l’heure, car il s’agissait de représenter chaque artiste, mâle ou féminin, mort ou vivant, avec une ressemblance absolue, dans le costume de son rôle le plus célèbre, le plus populaire.

Ainsi compris, le tableau de Bayard est plus qu’une œuvre d’art, plus qu’un document, c’est l’histoire palpitante et souriante du rire et de l’esprit parisiens depuis 1830.

En entrant, les plus anciens frappent le regard : Aline Duval, Charlotte Dupuis, Mlle Pernon,