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la bibliothèque

les comédiens, enchantés, ne demandèrent pas mieux que d’accepter ce cadeau précieux, mais les malheureux avaient compté sans le ministre compétent, qui opposa son veto formel pour éviter une dépense de personnel !

Voilà comme quoi la destinée commet des bévues : elle aurait dû faire de ce ministre un vidangeur.

M. Léon Guillard est le véritable père de la bibliothèque, telle qu’elle existe aujourd’hui, et du reste ses traditions sont suivies avec le même dévoûment et la même érudition à l’heure actuelle par Georges Monval, qui est tout à la fois le bibliothécaire et l’archiviste de la Comédie-Française.

Entre temps, on avait nommé Coppée bibliothécaire ; il venait de temps en temps fumer d’excellents cigares avec des amis, et la Comédie, qui avait tout simplement voulu lui être agréable, n’a point jugé à propos de remplacer ce bibliothécaire par trop décoratif par un autre du même acabit, et voilà pourquoi Monval, — un travailleur, est aussi devenu un cumulard, ce qui prouve que la vertu est parfois récompensée ici-bas.

Parmi les 30 000 volumes que renferment les rayons, on en trouve des plus curieux, il y a par exemple 32 éditions de Molière, depuis la fameuse édition de 1682, une collection complète des alma-