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mon berceau

Le 11 mai 1763. Palissot envoyait ses ouvrages à MM. les Comédiens ordinaires du roy, accompagnés d’une lettre qui est restée célèbre, car il y marquait son désir de voir son exemple suivi. Il a bien été le premier initiateur de la bibliothèque de la Comédie-Française, aussi reçut-il en réponse une lettre fort courtoise de remercîments, signée de tous les comédiens et de toutes les comédiennes de la maison. Treize ans plus tard, l’espérance de Palissot devenait une réalité, et la bibliothèque était définitivement formée.

Cependant, sous la Révolution, elle n’avait pas encore une bien grande valeur ; mais on pense que les comédiens avaient emporté beaucoup de volumes chez eux pour les préserver de toutes mésaventures, car en l’an vii elle était estimée, à dire d’experts, 25 francs, et comme ils trouvèrent probablement le prix trop modeste, ils le surchargèrent pour le porter à 75 francs, ce qui était encore bien peu de chose.

Durant ce siècle elle s’est enrichie régulièrement, et un jour elle pouvait devenir la première bibliothèque dramatique du monde… si un ministre idiot ne s’y était pas opposé !

Des amateurs aussi intelligents que généreux offrirent de leurs deniers le fonds dramatique de la fameuse vente de Soleinnes, à la condition qu’il serait classé et conservé, ce qui était tout naturel ;