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le mètre

de son adoption universelle dépend en grande partie le développement rapide des rapports commerciaux de peuple à peuple, de continent à continent, et ce n’est point sans une secrète et légitime espérance que je songe, à ce propos, à la prochaine et universelle exhibition de Chicago.

Les Américains du Nord sont pratiques ; ils possèdent fort heureusement une unité monétaire, le dollar, qui, change à part, vaut à peu près la même somme que notre pièce de cinq francs. Ils se rendent un compte exact des bienfaits de l’unité de mesure et de monnaie à travers le monde ; ils sont moins entêtés que les Anglais et, de ce chef, nous serions à la veille de remporter un grand triomphe moral par delà l’Atlantique, que je n’en serais pas surpris outre mesure ; ce jour-là, j’irai déposer pieusement une couronne sur l’humble chapiteau qui abrite depuis de si longues années le mètre de la place Vendôme.

Et qui sait ? Ce quartier est le plus riche, le plus visité de Paris ; ce simple mètre, s’il n’est pas provocateur, a pu fort bien être suggestif dans sa vie muette, il est à deux pas de l’hôtel Continental, qui est toujours bondé de ministres, de députés et de sénateurs Yankees et Canadiens.

L’un d’eux en passant se sera dit : « Tiens, mais voilà un système pratique, je vais en doter mon pays. »