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lui demander son consentement et le prier de venir à la noce.

Le père de la princesse, qui n’avait pas tardé à se repentir de sa dureté à l’égard de sa fille, l’avait fait chercher partout ; mais personne n’avait pu lui dire ce qu’elle était devenue, et il la croyait morte. Il apprit avec joie qu’elle vivait et qu’un prince la demandait en mariage, et il quitta son royaume avec sa fille aînée, pour venir assister à la cérémonie.

Par ordre de la mariée, on ne servit à son père, au repas qui suivit les noces, que du pain sans sel et de la viande non assaisonnée. Comme il faisait la grimace et qu’il mangeait peu, sa fille, qui était assise auprès de lui, lui demanda s’il trouvait la cuisine à son goût.

— Non, dit-il, les mets sont recherchés et apprêtés avec soin ; mais ils sont d’une fadeur insupportable.

— Ne vous avais-je pas dit, mon père, que le sel était tout ce qu’il y a de plus aimable ? Et cependant quand je vous ai, pour vous peindre mon affection, répondu que je vous aimais comme le goût du sel, vous avez cru que je n’étais pas une fille aimante, et vous m’avez privée de votre présence.

Le roi embrassa sa fille et reconnut qu’il avait eu tort de mal comprendre ses paroles. On lui