Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

propre, et la renvoyaient en lui donnant par charité un morceau de pain.

Après avoir marché bien des jours sans trouver à s’employer, elle arriva à une grande ferme où l’on manquait d’une gardeuse de moutons, et on la loua pour remplacer celle qui était partie. Pour mieux faire croire qu’elle était une pauvre mendiante, quand elle se chauffait auprès du feu elle jetait sur la flamme du gros sel, qui pétillait et produisait le bruit que font les poux quand on les grille. Sa maîtresse, qui ne s’aperçut pas de la supercherie, la gronda pour cette malpropreté, et elle cessa de jeter sur les tisons sa prétendue vermine ; mais le surnom de Pouilleuse lui resta, et c’est ainsi que chacun la nommait.

Un jour qu’elle gardait ses moutons dans un endroit éloigné de la ferme et où elle pensait que personne ne la verrait, il lui prit envie de s’habiller comme autrefois. Elle se lava les mains et la figure dans un ruisseau, et comme elle portait toujours avec elle le paquet qui contenait ses robes, elle dépouilla ses haillons et ressembla en peu d’instants à une grande dame.

Le fils du roi, qui s’était égaré en chassant, aperçut de loin cette belle personne et voulut la voir de plus près ; mais la Pouilleuse, dès qu’elle eut connaissance de son dessein, s’enfuit dans le