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de la grotte, semblables à des femmes ordinaires.

Lorsque le pêcheur les avait vues se disposer à quitter leur retraite, il s’était caché avec soin derrière un gros rocher, et elles passèrent tout près de lui, sans se douter qu’elles avaient été observées. Quand il pensa qu’elles étaient loin, il cessa de se cacher et alla tout droit à la grotte. Il avait bien un peu frayeur, car l’endroit passait pour hanté ; mais la curiosité l’emporta sur la peur. Il vit, sur la paroi du rocher qui formait une des murailles de la caverne, un reste de là pommade dont elles s’étaient frotté les yeux et le corps. Il en prit un peu au bout de son doigt, et s’en mit tout autour de l’œil gauche, pour voir s’il pourrait, par ce moyen, acquérir la science des fées et découvrir les trésors cachés.

Quelques jours après, une chercheuse de pain vint dans le village où elle demandait la charité de porte en porte : elle paraissait semblable aux femmes déguenillées et malpropres dont le métier est de mendier. Mais le pêcheur la reconnut aussitôt pour une des fées qu’il avait vues changer de forme dans la grotte ; il remarqua qu’elle jetait des sorts sur certaines maisons, et qu’elle regardait avec soin dans l’intérieur des habitations, comme si elle avait voulu voir s’il n’y avait pas quelque chose à dérober.