Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Malo sez les bourgeois, ni dans les châtiaux de Proubala, de Pleurtu et de Saint-Béria[1]. O vayait à l’entour de ielle toutes sortes de petits fions qui n’étaint pas plus gros que l’peuce[2], qu’étaint habillés comme des monsieux cossus, et qu’avaint à leux cautés d’z épées qui n’étaint pas p’us longues que d’s épilles à piécettes[3].

Olle était tenant[4] ébahie, mais o ne dit ren, et o frottit l’éfant diqu’à au moment où i’ li ditent de fini. V li donnitent eune bonne boursée d’argient et la ramenitent, ben contente, diqu’à sez ielle.

Depais le temps-là, o vayait par les sentes, par les clos et un p’tit partout toutes sortes de fions, mais o ne faisait mine de ren. Un joû qu’olle était à la faïre de Saint-Béria[5] éioù que les touchous de Tréméreu et d’ Peûdeûneu[6] viennent venre leux pouërs et leux nourretures[7], o vit les fées qui tenaint toutes sortes de p’tits jeux pour baiser[8] l’ pauv’ monde et li voler sa pauv’ argent. O ne dit cor ren le coup-là, mais quand ce fut su la reciée[9],

  1. Ploubalay, Pleurtuit, Saint-Briac.
  2. Pouce.
  3. Épingles à attacher la partie supérieure du tablier.
  4. Beaucoup.
  5. À la foire de Saint-Briac.
  6. Les marchands de cochons de Tréméreuc et de Pluduno.
  7. Leurs petits cochons et leurs cochons à moitié engraissés.
  8. Attraper, voler.
  9. Dans l’après-midi.