III. La Goule-ès-Fées.
Voici, à titre de curiosité, un conte que je tiens de mon ami et compatriote, M. Auguste Lemoine, qui l’a entendu aux environs de Dinard. C’est un conte de seconde main, et qui n’est par conséquent point littéral. Je l’ai rédigé en patois du littoral ; mais, pour être vrai, je dois ajouter que jamais aucun de mes conteurs ne s’est servi purement du patois pour me raconter des légendes. La plupart du temps, il y avait entre leurs récits et leur manière habituelle de s’exprimer autant de différence qu’il y en a entre la langue écrite et le langage de la conversation ordinaire.
Un saï[1] que la mère Milie[2], qu’était saïge-femme[3] de son état, était assise su n’un berchet[4] dans l’coin d’son fouyer, o ouït queuqur’un[5] qui cognait à l’hu[6] de son hôté.
O débarrit la porte, et o vit entrer sez ielle[7] eune veille femme qui li dit comme héla de veni do ielle tout cont’ Saint-Leunaire, à cette fin