Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son camarade. Mais aussitôt le pain des fées disparut, et quoiqu’Agnès et ses enfants aient supplié maintes fois les dames de la houle de leur donner un autre pain, elles sont restées sourdes à leurs prières.

(Conte en 1879 par Marie Chéhu, de Saint-Cast, âgée de quatre-vingts ans.)

Cette légende n’est pas la seule qui ait pour théâtre la Houle de la Corbière : d’après un autre conte dont je n’ai pu avoir jusqu’à présent qu’un résumé, une des fées qui l’habitaient s’amouracha d’un des soldats qui gardaient la Redoute de la Corbière dont on voit encore les ruines aujourd’hui. Elle suivit son amant à l’armée, a l’époque des guerres de la Révolution : tant qu’ils furent ensemble, le soldat monta en grade et fut victorieux sans recevoir de blessures. Mais la fée l’ayant abandonné, la chance le quitta aussitôt ; il fut blessé, et toutes les batailles où il figura furent perdues.


Dans plusieurs autres contes, on voit les fées avoir des rapports, généralement bienveillants, avec les hommes. (Cf. Contes populaires de la Haute-Bretagne : XXII, la Fée et le Marin ; IV, la Houle de Chélin ; XVII, l’Enfant de la Fée, et les contes qui suivent le présent récit. Voyez aussi mes Traditions, superstitions et légendes de la Haute-Bretagne, p. 8 et 9. Paris, Maisonneuve, 1880, et Revue de linguistique, t. XIII.)


D’après une autre légende populaire à Plévenon, les fées des houles du cap Fréhel allaient laver leur linge à la mare de