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de me donner du pain pour moi et ma famille, du pain des fées qui, ne diminue pas ?

Une nuit qu’il ne restait pas une miette de pain à la maison, l’enfant d’Agnès eut faim, et pleurait pour en avoir un morceau ; elle entendit du bruit sous terre, et mit un marteau dans la main de son petit gars, en lui disant :

— Frappe fort sur la pierre du foyer, et demande du pain à la bonne dame qui nous a déjà fait tant de bien.

Elle parlait haut, pensant que sa voix serait entendue. Le petit garçon prit le marteau et frappa de toute sa force sur la pierre, en disant d’une voix câline :

— Bonne dame, donnez-moi du pain ; j’ai faim.

Ils entendirent cogner : pan ! pan ! sous la pierre qui se leva, et une main déposa sur le foyer un tourteau de pain, pendant qu’une voix disait :

— Tiens, mon petit, voilà de quoi manger toute ta vie, si tu sais conserver mon présent et n’en donner à personne qu’à tes parents.

Le tourteau de pain ne diminuait point, et, malgré qu’on en coupât, il restait toujours frais et entier, et cela dura plus de dix ans. Mais un soir que le mari d’Agnès était en ribotte, il amena avec lui un de ses amis ; il tira du buffet la tourte des fées et en coupa un morceau pour