Un peu plus loin, ils virent un homme qui était à bouleverser une montagne.
— Tu es bien fort, toi, dit Jean de l’Ours.
— Un peu, répondit l’homme.
— Veux-tu venir avec moi ?
— Je le veux bien.
Un peu plus loin encore, il rencontra un homme qui étayait un château pour l’empêcher de tomber.
— Tu as les épaules solides, dit Jean de l’Ours ; veux-tu venir avec moi ?
— Très-volontiers.
Et il monta à bord.
— Je suis content, disait Jean de l’Ours ; voilà mon équipage fait, et nous sommes capables de naviguer.
Et voilà le navire qui marchait sur terre comme sur mer qui commence à naviguer sur l’Océan.
Ils firent la rencontre d’un autre navire qui demandait du monde pour compléter son équipage, et ceux qui étaient à bord de Jean de l’Ours le quittèrent en pleine mer pour aller dans l’autre vaisseau.
Mais Jean de l’Ours aborda à Marseille, où il rencontra les matelots qui l’avaient abandonné ; il les tua tous les quatre. On le mit en prison, et je ne sais pas ce qu’il est devenu.
(Conté en 1879 par Louis Pluet, de Saint-Cast, matelot, âgé de vingt-cinq ans.)