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En apprenant cette nouvelle, la table se mit à danser, la place à se balayer, la porte à sortir de ses gonds et à y rentrer[1] ; la charrette courut les chemins, et elle rencontra un bonhomme qui chauffait son four et qui lui demanda pourquoi elle était si joyeuse.

— C’est, dit-elle, que la Râtesse est morte ; la bonne femme s’est mise à chanter, la table à danser, la place à se balayer, la porte à sortir et à rentrer dans ses gonds, et moi à courir les chemins.

— Puisque c’est ainsi, dit le bonhomme, je vais jeter la pelle dans le four.

— Et moi, ajouta sa bonne femme, je jetterai la pâte aux chiens.

— Qu’avez-vous ? demanda une petite fille qui passait par là.

— Tu ne sais pas la nouvelle ? La Râtesse est morte ; la vieille femme chante, la table danse, la place se balaie, la porte sort de ses gonds et y rentre, la charrette court les chemins, le bonhomme a jeté la pelle dans le four, et moi ma pâte aux chiens.

— Ah ! dit la petite fille, vous devriez me donner un petit tourterin tourterette pour ma grand’mère Jeaunette qui n’en a point mangé depuis sept ans.

  1. Mon conteur disait : « à se gonter et à se dégonter. »