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de s’emparer de sa boîte de réséda. Elle dit à sa sœur :

— Je vais aller me promener dans le bois avec ma petite sœur.

Elle y alla avec elle, et quand elle fut au milieu des arbres, elle la tua avec un couteau qu’elle avait apporté, et elle l’enterra au pied d’un chêne.

Quand sa mère la vit revenir seule, elle lui dit :

— Où donc est ta sœur ?

— Ah ! maman, les loups l’ont mangée.

Et la jeune fille s’empara du pot de réséda qu’elle porta dans sa chambre.

Quelque temps après, un marchand qui passait par le bois vit au pied du chêne un objet étrange qu’il ramassa et qui avait la forme d’un sifflet. Il l’approcha de ses lèvres, et le sifflet disait :

Sifflez, sifflez, marchand ;
Ce n’est pas vous qui m’avez tuée céans.

Il y avait sur la lisière du bois un château, — c’était celui des parents de la petite fille ; — le marchand s’y rendit et montra au maître du logis le petit sifflet qu’il avait trouvé. Le seigneur l’approcha de ses lèvres, et le sifflet disait :

Sifflez, sifflez, papa ;
Ce n’est pas vous qui m’avez tuée là-bas.