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— Si, répondit-elle ; j’ai promis à une de mes amies, qui est morte, de lui fournir le linceul pour l’ensevelir, et je n’ai pas songé à cela quand elle est trépassée.

— Eh bien ! il faut aller au cimetière ; vous reporterez le drap, et vous l’ensevelirez ; je ne serai pas loin, et je veillerai sur vous.

La nuit venue, la jeune fille porta le drap au cimetière, et elle le posa à terre ; son amie vint se placer dedans, et il disparut aussi bien que la défunte.

(Conté en décembre 1879 par Françoise Dumont, d’Ercé.)


Les principaux épisodes de ce petit conte se retrouvent dans le Drap mortuaire (Contes populaires de la Haute-Bretagne, n° XLIX), que j’ai entendu conter maintes fois.

La voix qui crie pour redemander la chose volée s’y retrouve, ainsi que dans Alice de Quinipilly, conte morbihannais du docteur Fouquet, dans la Jeune fille du cimetière, conte recueilli par Madame de Cerny (il s’agit d’une fille qui va enlever la coiffe d’une personne qui priait dans le cimetière ; or, c’était une morte qui était sortie de sa tombe pour prier, et qui réclame sa coiffe) ; dans la Goulue, conte agenais de J. F. Bladé (c’est un mort qui réclame sa jambe qu’on a déterrée pour la donner à la Goulue) ; dans la Jambe d’or, du même recueil ; — ces deux contes sont suivis de commentaires de M. R. Kœhler qui cite plusieurs similaires, — et dans les Contes populaires lorrains, de Cosquin, p. 212.